VIE DU SITE 22 octobre 2017 0

La photo aux cent flashes

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Avant de rentrer dans le vif du sujet, à savoir pourquoi utiliser des flashes et plus particulièrement pourquoi utiliser autant de flashes sur une seule photo, j’aimerai expliquer le chemin qui m’a conduit à essayer cette technique puis à l’adopter.

Une remise en question sur la photographie :

En tant que photographe il n’est pas simple de se faire sa place. N’importe qui peut se revendiquer photographe. Smartphone en main, filtre Instagram activé, partage sur page facebook « x@photographe » et c’est parti. Ce n’est pas un reproche juste un constat et si ça fait naître des vocations c’est tant mieux.
Comme professionnel il est donc impératif de savoir se démarquer du flot de photos continu qui déboule sur Internet. En effet, c’est devenu le premier lieu de partage des photos. Les expositions et autres supports sont moins dans l’instantané mais peuvent être plus sélects aussi.

Pour moi, sortir du lot ça passe avant tout par avoir un style. La patte d’un artiste que l’on reconnais quand on voit un cliché ça n’a pas de prix. Je pense que ça prévaut sur les moyens utilisés (drone,  boîtiers pro, logiciels pro…). Car à mon sens les techniques évoluent vite et deviennent finalement accessibles au fil du temps alors que le style demande un travail continu. Pour exemple, il fut un temps où parler de photos vues du ciel faisait instantanément penser à Yann Arthus Bertrand. Aujourd’hui avec les drones, ces prises de vues sont devenues quasiment banales. Pour autant, ne fait pas du Yann Arthus Bertrand qui veut.

Pourquoi utiliser autant de flashes?

Les différents éclairages sur chaque photo

Sélection de photos sur Lightroom

Je suis de ceux qui ne cessent de remettre en question la pratique de la photo en essayant d’éviter de tomber dans la facilité ou les effets modes. Ça passe évidemment par la technique (matériel de prise de vue et logiciel de retouche) et par le style que l’on souhaite donner.
L’an dernier je me suis inspiré d’un photographe connu pour son style : Eric Curry. Mais c’est aussi pour sa technique, qu’il a développé au fil des années (de l’argentique à ses débuts, au numérique aujourd’hui). C’est pour ces raisons que je me suis attardé sur son travail.

Le principe est simple : photographier dans l’obscurité une mise en scène éclairée avec diverses sources de lumières. Dans son cas il utilise très peu les flashes mais plutôt des torches. De ce fait, il s’agit de prendre autant de photos que nécessaire pour avoir l’ensemble de la scène correctement exposée. Le principal du travail consiste ensuite à assembler ces photos sur un logiciel comme photoshop pour les compiler en une seule photo. Il en sort une photo surréaliste dans laquelle règne une ambiance différente d’une photo éclairée par une source de lumière naturelle.

La mise en pratique :

L'organisation des calques compte

Calques sur Photoshop

C’est un travail qui demande de l’organisation et de la rigueur lors de la prise de vue. La mise en scène doit rester figée le temps de la séance photo (2 à 3h environ). L’appareil doit être fixe pour que toutes les photos se superposent correctement lors de l’assemblage sur le logiciel. Bien sûr il faut penser à éclairer tous les éléments de la photos pour avoir une mise en scène cohérente. Dans mon cas, je me sert essentiellement de flashes 400 W pour l’éclairage des sujets. La lumière ambiante pour l’environnement sombre et de projecteurs et de lumières d’appoint pour différentes zones restantes.

Lors du travail sur ordinateur, l’organisation prime pour faciliter l’assemblage. En effet, une centaine de photos et bien plus de calques peuvent se retrouver sur l’espace de travail! Des heures « de cuisine » sont nécessaires pour arriver au résultat souhaité. Au final, c’est une grande satisfaction quand la photo forme un tout cohérent.

De l’idée jusqu’à la photo finale :

Arracheuses Grimme

50 ans d’histoire d’une entreprise résumée par 2 ensembles

Tout d’abord, je n’ai fait que 2 mises en scène avec cette technique. Comme expliqué ça demande beaucoup d’investissement en temps. De plus, le but est de raconter une histoire qui tienne la route à chaque fois. Le processus de création commence par l’idée, l’envie de mettre en scène un matériel et des personnes dans un lieu pour tisser la narration. Après en avoir discuté avec les personnes concernées, j’essaye de fixer l’idée sur le papier. Un premier repérage photos n’est pas de trop pour se rendre compte des contraintes. Finalement, je construit un croquis qui reprend la mise en scène avec les différentes zones et les différents types d’éclairages.

Ensuite, vient le jour J. C’est le moment de mettre en place chaque élément, le but étant que la photo s’approche du croquis. C’est là qu’il peut y avoir des surprises avec le cadrage. Pour la photo Grimme, j’ai dû adapter le cadrage au recul disponible sous le bâtiment. Le manque de recul donne l’effet arrondi sur la structure du toit du bâtiment. Enfin, et surtout,il faut bien penser à ce qui risque de bouger et faire le nécessaire pour que ça ne soit pas le cas. Sur la photo du MB trac, la barrière a bougé le temps du shooting. Ceci a engendré 2 problèmes, une composition d’image moins lisible (pneu qui touche la barrière) et surtout des zones non éclairées entre la position de la barrière en début et fin de shooting.

Mise en scène MB Trac 1500 réalisée en 2016 avec les flashes

Dans la cours de ferme, MB Trac 1500

Mes impressions sur cette pratique aux flashes :

Finalement, ce sont des photos que j’apprécie réaliser. Il y a un gros travail de réflexion, de mise en scène et d’assemblage. C’est un vrai challenge à chaque fois. De plus, les acteurs photographiés (agriculteurs jusqu’à maintenant), bénéficient d’une photo unique en son genre. Ils peuvent participer activement à la réalisation de la photo lors du shooting. Enfin c’est un processus qui n’est pas dans l’instantané. On est obligé de coucher sur le papier l’idée avant de passer à la capture de la scène, le hasard n’a pas sa place.

About the author

Olivier Bertaud: Photographe, lightroomeur, photoshopeur, maquettiste, curieux et autodidacte. Publie des articles (quand il a le temps), pour partager son expérience de la photo.

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