TUTORIELS 6 avril 2015 0

Photographier un sujet mobile de nuit

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« Comment photographier un sujet mobile de nuit? »

C’est la question qui m’a été posée plusieurs fois en rapport avec mes photos agricoles de nuit avec du matériel en mouvement.
Dans le précédent article, je vous expliquais les rudiments de la photographie avec les notions de temps de pose, d’ouverture et de sensibilité ISO.

Il en était ressorti qu’en condition lumineuse, il vaut mieux utiliser une valeur ISO faible et qu’il est plus facile de fermer l’ouverture sans que ça impacte trop le temps de pose.
En condition peu lumineuse, utiliser une valeur ISO élevée et une grande ouverture permettent de garder un temps de pose acceptable. Sinon on peut opter pour une pose longue sur un trépied et dans ce cas conserver une valeur ISO faible.
Mais qu’est ce qu’un temps de pose acceptable? Pour faire simple, il s’agit d’un temps de pose ne nécessitant pas l’utilisation d’un trépied et qui évite le « flou de bouger ». Il existe une règle en photographie qui dit qu’il faut respecter un temps de pose égal ou supérieur à 1/ »la focale utilisée » pour éviter le flou de bouger. Concrètement, avec une focale de 50mm il est conseillé de ne pas descendre en dessous de 1/50ème de seconde en temps de pose et à 1/200ème de seconde pour un 200mm, sinon vous risquez d’avoir une photo floue même sans avoir eu la sensation de bouger. Il existe des exceptions à cette règle comme appliquer le facteur crop  si vous utilisez un petit capteur (1/80ème pour un 50mm et 1/320èmme pour un 200mm) ou comme la possibilité de diminuer le temps de pose avec l’utilisation d’un objectif stabilisé ou d’un monopod. Si vous êtes aussi stable qu’un snyper visant une cible à 800m vous pouvez toujours essayer d’exploser cette règle.

Je n’aborderai pas ici l’utilisation du trépied car dans notre cas nous voulons prendre en photo un sujet en mouvement. Si vous fixez votre boitier sur un trépied, vous risquez de voir des traînées du sujet mobile sur la photo mais d’avoir l’environnement net.

Un peu de triche

La photo est utilisée pour retranscrire une ambiance. Lors du développement des fichiers nous pouvons tricher (rendre le ciel plus bleu qu’il ne l’était, ajouter de la lumière là où il y en avait peu, et assombrir un ciel pour le rendre plus menaçant qu’il ne l’était déjà). Aussi pour retranscrire un travail de nuit, je n’attend pas qu’il fasse nuit. Plus la nuit tombe, moins il y a de lumière naturelle et plus il sera difficile de faire une bonne photo.Correction de l'exposition sur une photo
Donc la plus part du temps, je commence mes photos en nocturne quand 2 conditions sont réunies : le soleil est couché et le matériel agricole tourne avec ses feux. Juste après le couché du soleil, il y a une période qu’on appelle « heure bleue » (vous trouverez sur ce site les créneaux horaires en fonction de la date et de la localité). Le ciel, en absence du soleil devient de plus en plus bleu profond pour laisser place à la nuit. Durant cette période, il y a de jolies photos à faire, mais surtout il est possible de tricher pour assombrir le ciel et donner l’illusion d’une nuit obscure. C’est pour cela que je tiens  à ce que le matériel agricole soit feux allumés, la scène est plus crédible une fois la photo retouchée.

 

Les règles que j’applique

Je précise avant toute chose qu’il s’agit des règles que j’applique. Ce ne sont pas les uniques solutions, ni les meilleurs, mais celles qui me conviennent dans mes applications actuelles. Mon but est de jouer sur les 3 facteurs qui vont faire que ma photo sera correctement exposée : réglage ISO, temps de pose et ouverture. Pour cela, je privilégie le mode manuel, mais il m’arrive de rester sur le mode « priorité à l’ouverture » ou « priorité au temps de pose ».

Avant même de chercher le meilleur boitier capable de monter à 16000ISO sans broncher, je pense qu’il faut se pencher sur l’objectif. Je privilégie donc des focales courtes (grand angle ou 50mm par exemple) et lumineuse (f/2.8 voire f/1.4). Sachez que si vous prétextez que l’objectif est un sacré budget, l’usage d’un 50mm f/1.8 de chez Canon par exemple est abordable et encore plus si vous achetez en occasion! Remettez en question votre investissement dans un reflex si vous n’avez pas les moyen de faire ce genre d’achat.

Donc en utilisant un 50mm, je me donne la possibilité de descendre à un temps de pose de 1/50ème de seconde, dans le cas d’un ultra grand angle, pour des photos à proximité du sujet, je descend à 1/20ème de seconde (attention, il faut suivre le sujet dans ce dernier cas si il se déplace latéralement).
En utilisant des focales lumineuses, j’ai la possibilité d’ouvrir à f/2.8. Il vaut mieux être distant du sujet à cette ouverture si on veut que la profondeur de champ couvre le sujet. C’est en générale l’ouverture maximum que j’accepte, même avec un objectif à f/1.4. Si je peux, j’essaye d’avoir une ouverture minimum de f/4.

Le réglage de la sensibilité ISO est plus subjective. Comme je le laissais entendre un peu plus haut, les derniers boîtiers moyen de gamme gèrent mieux la montée en ISO que les boîtiers d’il y a 5 ans. Néanmoins, il faut aussi vous poser la question : « dans quel but je fais cette photo? », une question à se poser avant d’investir je dirai même 🙂 Je m’explique, rien ne sert d’acheter un boitier avec un capteur de 30Mpixels si vous faites des photos que pour utiliser sur facebook ou visualiser sur votre écran qui est réglé sur une résolution de 1024 pixels sur la plus grande largeur. Un boitier de 4Mpixels, autrement dit un téléphone portable, fera aussi bien l’affaire. Si vous souhaitez faire des impressions sur papier photos en format A4 maximum, un boitier avec 12 Mpixels fera l’affaire. Au delà du format A3 et pour des utilisations plus spécifiques, il faut commencer à regarder les caractéristiques des capteurs. Certains professionnels utilisent des capteurs de plus de 30Mpixels et généralement ce n’est pas pour faire des images pour site Internet.
Correction du bruit sur Lightroom 5A sensibilité élevée sur les boîtiers les plus courants (1600 – 3200 ISO), du bruit apparaît sur les photos. Ce sont des pixels parasites qui font perdre du détail dans les zones peu éclairées et dans les zones uniformes. Plus vous zoomez sur la photo et plus cela sera visible. Néanmoins, les logiciels actuels permettent de réduire le bruit et de récupérer du détail. Il s’agit donc pour vous de savoir jusqu’à quelle valeur vous pouvez monter sans que la photo vous paraisse inutilisable.
Jusqu’à présent, j’ai utilisé 3 reflex Canon différents depuis 2008, un 400D, un 7D et un 5DMKII et je sais que pour mes utilisations, je peux respectivement monter à 800, 1600 et 3200 ISO. Si les conditions m’y obligent, je peux encore doubler les valeurs, mais les retouches sont plus importantes et le nombre de « déchets » plus important. Faites des tests et voyez quelles sont les valeurs à ne pas dépasser.

 

Derniers recours

Quand la nuit se fait de plus en plus sombre et que mes limites d’expositions sont atteintes (ISO élevé, ouverture maximale et temps de pose élevé), j’utilise la technique du filé pour améliorer l’exposition de ma photo. Entre autres, je descends le temps de pose jusqu’à 1/15ème voire 1/10ème de seconde avec la focale de 50mm. De cette façon la lumière à plus de temps pour atteindre le capteur. En revanche, il faut bien suivre le sujet pour qu’il ressorte net sur la photo. L’environnement sera flouté par conséquent, mais on y accordera moins d’importance étant donné les tons sombres. Cette technique demande un peu de pratique, l’usage d’un monopod peut faciliter le pivotement de l’objectif qui suit le sujet.

Réglages : ISO 4000, f/3.2, 1/20s avec focale fixe 50mm

Réglages : ISO 4000, f/3.2, 1/20s avec focale fixe 50mm

Pour terminer, je ne parle pas de l’usage de flash car j’en utilise rarement et encore moins en pleine nuit. Sur le matériel agricole, la lumière se reflète sur les tôles et les vitres et je trouve que ça fait perdre du naturel aux photos. De plus, le fash de votre boitier, et même le flash cobra concentrent leur lumière sur une petite surface, il est donc difficile de couvrir du gros matériel agricole. L’utilisation d’accessoires complémentaires au flash comme un diffuseur peut palier à certains problèmes, mais c’est à mon avis une solution à n’essayer qu’après avoir appris à maîtriser les bases.
Et bien vous savez ce qu’il vous reste à faire maintenant pour photographier un sujet mobile de nuit, du moins suivant mon expérience 😉

 

About the author

Olivier Bertaud: Photographe, lightroomeur, photoshopeur, maquettiste, curieux et autodidacte. Publie des articles (quand il a le temps), pour partager son expérience de la photo.

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